- Setsuna - {Validé}

L’obscurité avait d’ors et déjà gagné les moindres recoins de la cave humide où se trouvait Setsuna, homme de main à ses heures perdues. Les pieds dans l’eau depuis une bonne dizaine de minutes maintenant, lentement mais surement une question trottait dans ce qui lui servait encore de tête : que faisait-il ici ? Voilà une interrogation qui méritait réflexion tant les raisons de son barbotage actuel tendaient peu à peu à lui échapper. Quand bien même son éternel sourire ne parvenait pas à s’effacer de son visage, les couloirs tortueux qui s’enchainaient à ne plus vouloir finir tendaient tous vers la même réponse : il s’était fait avoir !

Tout débuta un peu plus tôt dans la journée, loin à l’est dans les plaines de Midgar, non loin d’un marécage fameux pour être des plus difficiles à traverser. Le chasseur douta bien un instant de la légitimité de la demande de son client du jour, mais face à cet homme blessé au bras et incapable de se tenir debout plus de cinq minutes sans vaciller, son bon cœur le rappela à l’ordre et accepta d’accéder à sa requête : un monstre du marécage aurait élu domicile dans la « cave » du pauvre homme alors qu’il s’était absenté cueillir quelques fruits et autres fleurs à la fragrance singulière dans les prés des environs. Quelle ne fut pas sa surprise tandis qu’il se préparait à ranger ses prises de l’après-midi quand il constata qu’une de ces petites créatures hargneuses vivant d’ordinaire à la surface s’était frayée un chemin jusqu’à la galerie en dessous de chez lui.

« La galerie, voilà ce qui aurait du me faire comprendre, la galerie… »

La « cave » en effet se trouvait être un dédale de couloirs souterrains tous reliés les uns aux autres et se ressemblant comme deux gouttes d’eau. Dans sa grande sagesse, Setsuna avait bien entendu oublié de prendre avec lui quelque outil que ce soit qui aurait pu lui servir à ne serait-ce qu’un peu s’éclairer. C’était donc à l’aveuglette dans une pénombre à laquelle il commençait à s'habituer que nous retrouvions notre grand héros à la recherche du rat mutant friand de déchets en tout genre qui se dissimulait quelque part en ce lieu. Agacé par la tournure que prenait cette « chasse » aux attraits de plus en plus douteux, le nomade donnait ça et là de grands coups de pied, espérant ainsi déranger la Bête, dont le bruit des pattes aurait suffit à lui loger une balle entre les deux yeux, vite fait – bien fait. Cependant ses coups de pieds aléatoires allaient permettre à Setsuna de découvrir une chose à laquelle il n’était à cet instant pas entièrement préparé. Une des caisses déposées sur le sol était reliée à un mécanisme que par accident il déclencha. Peu à peu l’obscurité disparut pour laisser place à une lumière artificielle qui l’espace d’un instant l’éblouit. Il ne savait pas ce qu’il l’attendait de l’autre côté mais sans se poser de question, tel une évidence, il passa le pas de ce nouvel endroit qui s’offrait à lui, une nouvelle aire de recherche, peut-être aussi la possibilité d’en apprendre d’avantage sur son employeur, savoir s’il était bel et bien digne de confiance.

L’air de cette pièce était étouffant et nauséabond. « La mort » chuchota Setsuna, cet endroit empestait l’odeur de corps pourrissants. Un certain malaise le gagna au fil des secondes passées, aveugle, incapable de déterminer face à quoi il se trouvait. Le flash blanc qui habitait ses yeux se résorba lentement. Plus celui-ci disparaissait, plus la pestilence ambiante semblait s’accentuer, et pour cause. Au fil des pas que le chasseur avec prudence faisait pour se rapprocher de la source de l’odeur se dessinait avec précision ce qui l’y attendait.

« Comment est-ce…?! »

Il porta une main à la bouche, comme par réflexe, car non pas que l’envie de vomir lui eut vraiment monté à la gorge, mais seulement le spectacle qui s’offrait à lui le rebutait au plus haut point. Allongés sur trois tables séparées d’un petit mètre chacune, trois chocobos demeuraient inertes, sans vie. Setsuna resta immobile de longues minutes face à cette scène macabre. Il ne savait quoi penser, les instruments déposés sur les petits plateaux autour des dépouilles s’avéraient suffisantes sans pour autant avoir à s’imaginer comment ils avaient pu être utilisés. Il ne pouvait y avoir nul doute possible quant au fait que ces pauvres bêtes plus tôt dans la semaine étaient passées sur la table d’opération pour subir quelques expériences aux objectifs pour le moins douteux ; rien d’étonnants à ce que des bêtes à l’odorat ne serait-ce qu’un minimum développé et à l’appétit charognard eurent osé s’aventurer dans les souterrains de ce cinglé du braconnage. Soudainement, un cri attira son attention, il provenait de l’extérieur et résonna à travers les cavités du sous-sol.

Le chasseur prit tout son temps pour rebrousser chemin, accéder à l’échelle qui remontait à la surface, et enfin gagner la pièce principale d’où semblait provenir les bruits de combats qui sévissaient alors. L’homme blessé, essoufflé et désespéré sembla soudainement regagner une lueur d’espoir en apercevant celui qui l’espace d’une journée se devait d’être son sauveur. Son visage rayonna d’un sourire sans pareil, mais qui malheureusement pour lui n’allait dure que peu de temps.

- Vite, aidez-moi s’il vous plait ! Un lycaon se tenait face à lui, le dos bombé, prêt à bondir sur sa proie, cela devait déjà relever du miracle pour que la créature n’eut pu se saisir du docteur fou.

- Une question avant tout, est-ce que vous aimez les chocobos ? Le regard de Setsuna subitement se noircit pour se noyer dans celui de son interlocuteur. Ce dernier perdu entre son besoin de fuite et l’incompréhension des dires du nomade mit quelques précieuses secondes avant de réaliser que son secret n’en était plus un.

- Peu importe, je vous ai payé, éliminez moi cette bestiole ! Le ton de sa voix était devenu dur et autoritaire, rien pour plaire à l’homme à la chevelure hirsute.

« Vous m’avez engagez pour éliminer un gros rat, je suis heureux de vous apprendre quand vous n’en avez pas ! » Lança-t-il un sourire radieux accroché aux lèvres. « Il va de soi que je vous rembourse ce que vous m’avez versé… » Il jeta les quelques gils acceptés plus tôt dans la journée à ses pieds puis d’un saut sur le côté s’enfuit à travers une fenêtre qui se trouvait là. Le client tenta bien de l’imiter, mais on pouvait entendre aux cris de celui-ci alors que Setsuna s’éloignait de la maison qu’il n’y arriva pas. Le braconnage se plaçait au niveau des pratiques qui le rebutaient le plus. Les raisons pour lesquelles des gens tels que cet homme pouvaient s’en prendre à des animaux sans défense demeuraient inexplicables, mais il était certain d'un chose :

« Voilà une mort digne d’un braconnier. »