Jecht L’Ultime Chimère
Age : 36 Messages : 52 Date d'inscription : 03/06/2009 Monde : Spira Alignement : Chaos
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| Sujet: Mon Voyage en Train Mer 1 Juil - 18:05 | |
| « Le succès c'est d'aller d'échec en échec sans perdre son enthousiasme. » Churchill. ------------------------------------Je déteste la pluie … Elle me transperce de sa froide réalité plus qu’elle ne mouille les vêtements troués que je porte. Et pourtant, dans ce « Nord » tout personnel, je ne la côtoie que bien trop souvent à mon goût. Je ne le supporte pas, ce néfaste flot de larmes célestes. Ici tout particulièrement. Dans ces contrées là, qui ne sont pour moi qu’un infâme monde solitaire, la pluie est une de mes plus importante peur, avec celle que l’on ne se souvienne pas de moi. En temps normal, j’ai comme une boule de joie quand je me rends à la Gare Lille Europe pour retourner chez moi retrouver celle qui m’a donné la vie. Pas ce jour. Car en ce jour est la pluie.
Je traine ma valise vers le quai où je dois rejoindre mon TGV. Putain, je suis trempé ! Ma clope est mouillée, mes vêtements parsemés de gouttes frigorifiées, mes cheveux ébouriffés et humidifiés alors que mon dos frisonne. Je suis en avance, encore une fois … Un jour, j’arriverais à me régler. Encore une fois je me fais déjà salement chier. Je m’ennui et attends, je fume et me morfond avant de poser fixement mes yeux sur l’horloge et sa trotteuse. Je suis comme cette foutue aiguille … Je cherche à m’élever au firmament, l’effleure un court instant avant, d’irrémédiablement, retomber emporté par le temps. J’essaye, encore et toujours … Je m’essouffle … Je perds de ma substance, à chaque fois … En fin de compte, je ne suis qu’un putain de squelette dont l’ossature décharnée n’exsude que des actes vide de sens et tournés à ma morne façon afin de guider ma vie qui s’enfui ... Ce simple constat me brise le cœur, enfin, aurait pu me le briser. Mon train est arrivé, j’avais même pas calculé.
J’embarque donc la mort dans l’âme. Je sais pertinemment que les 5 heures 30 de trajet vont me paraitre une éternité entrecoupée de morceaux puissants débités par mon MP3 blanc. Voiture 13. Place 48. Celle avec la « table » au milieu, où on est quatre en face à face. Super … J’envoie mon sac avec pertes et fracas dans la cellule de rangement, ne gardant avec moi que mon zippo et les biens numériques indispensables à ma vie. L’addiction à la technologie … Quels joyeux oiseaux vais-je avoir autour de moi ? Un couple et ses trois gamins passent dans l’allée pour se caller dans la rangée adjacente. Un des mioches se pose sur le siège à côté de moi et me fixe comme si j’étais une sucrerie. Je lui renvoi ma sempiternelle expression fatiguée et blasée alors que les mécanismes pervers de mon esprit s’échinent à trouver un moyen de passer le temps. Ce voyage va salement être long, surtout avec ce braillard à côté. Tout juste irrité, je passe mes écouteurs à mes oreilles et lance la lecture aléatoire de mon I-Pod. I Hate Everything About You – Three Day Grace. Le destin est joueur aujourd’hui … Curieuse ironie mais plaisante à la fois. Ce morceau est un de mes favoris et je me laisse bercé par ses notes, en attente de se départ. Mes paupières se referment doucement au devant de mes yeux par simple appréciation de la chanson. Je fredonne silencieusement les paroles et termine par rouvrir les yeux au dernier accord. C’est là que je la vois pour la première fois, alors que la mélodie du « Book of Love » de Peter Gabriel souffle doucereusement au creux de mes oreilles …
Elle s’avance dans l’allée, un sac chargé dans son dos, son billet à la main, recherchant la place qui lui a été attribuée. Elle s’approche de plus en plus de moi et je n’arrive pas à détourner mon regard. C’est tout juste si je clos fébrilement mes paupières pour reprendre mon attitude d’éternel endormi. Elle dépose son sac sur le siège libre et s’assoit en face de moi. Mes orbites vides d’émotions croisent un court instant son chaleureux regard. Elle me sourit et je ne trouve rien de mieux que lever lascivement la main en sa direction. Ca à l’air de l’amuser … Elle me hante déjà ! Des cheveux soyeux à la havane couleur tirant vers une teinte ébène du plus bel effet, des yeux d’un bleu profond rappelant les plus beaux instant du ciel dépourvu de nuage, un petit sourire joyeux sur les lèvres de sa petite bouche sucrée. Chacun des traits cette inconnue exsudait la sensualité et semblait m’indiquer qu’elle serrait bientôt une très belle femme. Elle m’intrigue, elle m’obsède et me fascine. Sa présence m’impose le silence et la contemplation discrète au point que je n’entends pas le train partir.
Moi qui me prenais pour un squelette vide de toute substance quelques souffles plus tôt, je me sens comme nimbée d’une force nouvelle et d’une énergie qu’émane cette fille là. C’est comme si poser mes yeux sur sa silhouette avait suffit à tisser un lien à sens unique, comme si sa simple présence m’auréolait d’une réconfortante chaleur. Le simple fait d’être près d’elle alors qu’elle écrivait sur cette table dans un train à destination de Bordeaux me réchauffait plus que je ne l’avais jamais été en un an par une quelconque personne. Depuis qu’elle est là rien n’a changé, mais pourtant tout est différent. Plus que la musique que j’écoute, c’est elle que j’ai dans la tête comme une mélodie qui danse … Je vois ses sourire comme ses soupirs et çà suffit à me faire revivre … C’est çà le coup de foudre ? Merde, je croyais être au dessus de çà … Je ne suis pas censé y croire ! Mais son simple regard habille peu à peu la squelettique image que j’avais de moi au départ. Comme si ses yeux couvraient mes os craquelés d’un fin épiderme d’estime et de douceur. Et pendant ce temps, je ne trouve pas mieux que de jouer avec mon zippo.
Son téléphone sonne alors que ma musique change et je ne peux m’empêcher d’écouter. Je crois comprendre que c’est sa grand-mère qui s’inquiète à son sujet. Elle serait partie contre l’avis de sa mère et celle-ci la chercherait. Je n’aurais vraiment pas du écouter … Mais même sa voix m’attire. Je pourrais l’écouter parler des heures … Est-ce que je manque d’objectivité ? Probablement, puisque je suis charmé … Une nouvelle fois sonne son portable. Je la sens stressée, elle hésite à répondre puis décroche lentement. Sa voix est mal assurée, c’est sa mère qui l’a appelée. Elle me fait sourire quand elle évoque une balade avec une amie. Elle me calcule et me sourit en retour. Je suis complètement désarmé … Le soupir qu’elle pousse en raccrochant me pose des questions que je ne saurais résoudre avant longtemps. Paris est tout juste passé quand elle reçoit un nouvel appel. De nouveau sa grand-mère. Elle lui dit qu’elle a peur que sa mère s’en rende compte, qu’il faudrait qu’elle arrête de l’appeler, elle a peur qu’elle se rende compte qu’elle est dans un train. Qu’elle va voir son père. J’aimerais l’aider …
J’aimerais vraiment l’aider. Sa réalité et son entreprise me rappellent ma réalité. Elle comme moi nous connaissons cette horrible souffrance née dans l’absence. Sa « folie » me fait l’admirer plus encore mais ma raison s’oppose à m’immiscer là dedans. Elle est tellement … Édifiante ! Sa beauté, son assurance, sa confiance et sa volonté m’éblouissent au point de me faire perdre mes moyens. Qu’aurais-je à lui apporter moi et mon profond mépris de ma personne ? Elle est l’excellence pour moi. Et la raison ne peut que se brider face à l’excellence, aussi je décide de lui répondre par la « folie ». Je sors mon portable et commence à pianoter sur les touches alors que sa mère multiplie les appels rejetés dans le stress. De trop longs instants plus tard, je détourne son attention du paysage en déposant mon téléphone dans sa main, un sempiternel air fatigué sur le visage. L’ennui avec cette situation, c’est qu’au moment où mes doigts n’ont plus touché la coque noire, je me suis rendu compte de mon propre ridicule. Je suis vraiment trop con.
« Dis lui que tu te fais un ciné avant de sortir chez une amie. Tu lui dis que tu l’appelle après le film et tu as gagné 2h ! »
Putain, je suis beau avec des conseils comme çà tapés sur l’écran de mon portable. A mesure que ses yeux parcourent les lignes, je me sens de plus en plus stupide et ces quelques secondes me paraissent aussi longues que le plus chiant de mes cours … Mais tout çà fond à l’instant où son sourire amusé me réchauffe. Elle parcourt maintenant de ses doigts les touches du clavier et me rend le Sagem en me fixant, amusée.
« Je sais pas si je serais très crédible, mais merci c’est très gentil ! Tu vas faire quoi à Bordeaux toi ? Je suis curieuse ... »
Elle mentionne également son nom … Magnifique. Ainsi débute un singulier échange où nous ne nous parlons pas mais nous écrivons, après qu’elle eut prononcé mon mensonge à sa mère. Des dizaines de minutes à s’échanger un portable criblé de caractères SMS, où nous nous dévoilons l’un à l’autre dans le silence et où j’apprends son histoire et lui énonce la mienne. Elle va retrouver son père qu’elle n’a pas vu depuis des années contre l’avis de sa mère. Je vais retrouver la mienne pour les vacances … Elle est courageuse. Elle est merveilleuse. Et au bout de plus d’une heure et demie, alors que l’on entre en Gare de Poitier, je succombe à la tentation et termine mon écrit par les syllabes suivantes.
« Ce n’est pas vraiment correct, mais tu as des yeux magnifiques … J’ai un peu du mal a ne pas regarder en fait … C’est normal ? »
Le, désormais, habituel changement de main se fait et je vois son visage se décomposer à la lecture des derniers mots. Elle pose lentement mon portable sur la table avant de se lever et de s’éloigner dans l’allée. Je suis définitivement trop con … Et mon MP3 qui me joue How It Ends de DeVotchka. Il se fout vraiment de ma gueule ! Morose et dégouté, je me tourne vers la fenêtre pour ne pas la regarder partir. C’est en bougeant le coude que je me rends compte que le gamin à côté n’est plus là. Elle m’avait vraiment captivé. Aigri, je me remet à jouer avec mon zippo, comme un gosse … Les 7 minutes du morceau passent sans que je n’ai la force de passer ces notes mélancoliques m’évoquant le regret. Je l’avais bien mérité. 7 minutes au bout des quelles je me demande pourquoi elle n’est pas partie avec son sac … Je tourne la tête vers se dernier et …
« C’est trop adorable ! Ca se voit que mes pommettes deviennent rouges ? »
C’est l’écran de son portable que l’on vient de figer devant mes yeux et quand j’en détourne le regard, je la contemple assise à côté de moi, souriante. J’ai le cœur qui s’accélère et je lui souffle fébrilement que non. Nous discutons … Nous échangeons … Je bois ses paroles et l’admire sans cesse pour le reste du trajet. Elle devient peu à peu une partie de mon univers et je ne peux que constater qu’elle est tout ce que … Les minutes passent et le voyage se termine. Elle me confie ses peurs, celle d’être laissée au pas de la porte en ce début de soirée. Je lui affirme que ce ne sera pas le cas. Elle me demande si, en cas de problème, elle pourra m’appeler. Je lui donne mon numéro sans exiger le sien. J’oublie de formuler cette demande quand elle pose sa tête sur mon épaule en me disant merci. La vitesse décroit, le train s’arrête. Terminus, tout le monde descend.
Je porte nos sacs et m’arrête sur le quai à ses côtés. Son téléphone sonne. C’est sa grand-mère, une nouvelle fois. Elle me sourit avant de répondre et se laisse absorber par la conversation. Je laisse mon regard dériver sur le flot de voyageurs en m’allumant une clope. La nuit tombe. Je referme mes doigts sur les anses de mon sac et le passes par dessus mon épaule. Je tire sur ma clope en me tournant pour la voir au téléphone, souriante et rayonnante. Elle fait les cent pas et maintenant me tourne le dos. J’ai un pauvre sourire quand je dépose mon zippo sur son sac avant de prendre la direction des escaliers et de là le quai du tram Bordelais. Ligne C. 4 minutes d’attente. C’est vraiment naze comme au revoir, mais je ne supporte pas les adieux dans les larmes. Peut être qu’avec çà elle ne m’oubliera pas comme çà … Il ne pleut pas ici, il n’y a pas un nuage … Après ce voyage et sa présence, j’ai vu mes deux plus grandes peur disparaitre pour un instant. Mon portable vibre dans ma poche. Un message. Elle …
« Très heureuse d’avoir fait le trajet avec toi. A très vite. »
Je l’aime … | |
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Squall Leonhart Général des Seeds de Balamb
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| Sujet: Re: Mon Voyage en Train Mer 1 Juil - 18:13 | |
| C'est prenant, vraiment j'ai toujours aimé ta façon d'écrire keupain.
Bravo, need la suite si il y en a une. | |
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Jecht L’Ultime Chimère
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| Sujet: Re: Mon Voyage en Train Mer 1 Juil - 18:35 | |
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Squall Leonhart Général des Seeds de Balamb
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| Sujet: Re: Mon Voyage en Train Mer 1 Juil - 18:39 | |
| - Jecht a écrit:
Ben tiens, tu penses que je m'en étais pas rendu compte, j'ai beau jamais t'avoir vu irl je sais exactement que c'est toi le narrateur pov tâche | |
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Jecht L’Ultime Chimère
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| Sujet: Re: Mon Voyage en Train Mer 1 Juil - 18:44 | |
| Pour toi c'est évident, vu nos batailles d'autrefois et nos délires canins à la grenade ( va chercher Fenrir ) je n'en attendais pas moins de toi, mon éternel rival Pour les autres, c'est peut être un peu délicat
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Linoa Heartilly Sorcière à temps partiel
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| Sujet: Re: Mon Voyage en Train Mer 1 Juil - 18:49 | |
| J'savais pas trop quoi écrire, mais bon, on va faire simple, hein.
En gros, j'adhére. C'est typiquement le genre d'écriture et d'écrits que j'aime lire ^^
Hâte d'en déguster un autre o/
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Zell Dincht Bretzel Boy
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| Sujet: Re: Mon Voyage en Train Jeu 2 Juil - 22:03 | |
| Un style, à l'instar de celui que j'apprécie utiliser, très inspiré d'Amélie Nothomb - ou tout du moins, ressemblant beaucoup au sien -, ce mélange de lyrisme, de tristesse et d'argo / langage familier, j'adore. Je noterai juste quelques fautes d'orthographe çà et là qui néanmoins, ne gâchent pas la lecture. Le thème étant peu original certes, mais très prenant, je dois t'avouer que j'ai beaucoup aimé ton texte, le seul détail négatif pouvant être fait sur ce dernier serait la longueur de certaines phrases qui alourdissent le tout - en quantité négligeable, je cherche des poils sur les oeufs là -.
Bref ... Beau travail, Jecht. | |
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| Sujet: Re: Mon Voyage en Train | |
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