¤ Une nouvelle chance ¤

Waltz

Il n’était pas un être enclin à se morfondre dans une attente lasse, inutile de surcroît. Ce qui stagne l’ennuie. Il aimait les choses en mouvement, que le monde bouge. Et, en l’occurrence, le monde avait bougé plus que jamais. Dès qu’il eut posé le pied sur ces terres, il sut qu’il ne se trouvait pas sur Selenia, sa terre natale. Un mal du pays lui étreignit le cœur depuis son arrivée en ces lieux. Tout sa vie, toutes ses vies, il avait chéri le monde qui l’avait adopté, sans trop savoir pourquoi. Juste par instinct nationaliste.
Dans son pays, les villages se composaient principalement de bois et les grandes villes de pierre. Ici, tout n’était qu’acier et mécanique en mouvement. Oh, bien sûr, Selenia possédait ses quelques modèles de grande machinerie, mais ce n’était en rien comparable avec une telle technologie. Rubicante apprit en interrogeant des passants qu’il se trouvait dans le monde de Dol, dans la cité portuaire de Balamb.
Malgré les bâtons qui crachent le feu, les monstres de fer se déplaçant sur des rails et les véhicules capables de détruire un bâtiment en un rien de temps, Rubicante ne se sentait pas si dépaysé que cela, l’afflux de magie étant important en ces terres.
Comme pour prouver ce fait, il tendit sa main devant lui - une main forte à la puissante poigne mais qui laissait voir des traces de décomposition – et créa une flamme qu’il fit danser entre ses doigts. Les visages des habitants de Balamb affichaient un air interrogateur en voyant cette grande silhouette toute vêtue de rouge manipuler le feu. Il n’en eut cure. Le Maître du Feu n’était pas ici pour le bien des habitants. Que du contraire.

Qui veut la paix, prépare la guerre. Et Rubicante était ici pour préparer la guerre. Toute bataille à grande échelle commençait par la récolte d’informations. Son but était de se renseigner sur les points vitaux, sur les personnalités influentes et, surtout, sur les capacités militaires de la région.
Chaos, son maître mal aimé, ne lui avait rien demandé. Il vint ici de sa propre initiative. Plus par curiosité que pour servir les desseins du dieu du mal.

- Une caserne militaire ? Ah, y’a pas de ça ici, monsieur. Nous, on a la Balamb Garden University, qui forment les Seeds, un corps d’élite.

Avait répondu un habitant à ses interrogations. La crainte se lisait dans ses yeux. Sa noirceur cadavérique, sa taille hors normes et ses accoutrements loufoques étaient étrangers à l’habitant, inhabituels. Inconnus. Rubicante n’y prêta guère attention, car la peur de l’inconnu se retrouvait partout, pas seulement à Dol. Il demanda à l’homme comment se rendre à cette fameuse université, et il lui indiqua la route qui sortait de la ville pour s’étendre dans les plaines.
Commencer par observer le mode de vie et les habitudes d’un corps d’élite serait un bon début. Ainsi, il s’engagea sur ladite route, qui apparemment ne faisait pas plus d’une quinzaine de kilomètres. Sa démarche était agile et aisée. La fluidité de ses mouvements indiquait qu’il était un combattant aguerri.
Sur le chemin, il eut le bonheur de croiser des véhicules motorisés qui déboulaient à des vitesses étonnantes. Rien à voir avec les carrioles de Selenia. Il ne se lassait pas de voir les roues de ces engins tourner à vive allure pour transporter les carcasses mécaniques qu’elles supportaient.
Il s’était demandé à quel point le monde avait changé depuis sa mort face au Paladin Cécil et ses compagnons. Désormais, il avait sa réponse. Le monde se composait à présent de plusieurs mondes, dont le sien. Chaos et son opposant, Cosmos, en étaient sûrement les responsables.

Soudain, sur le chemin, il sentit une aura malfaisante, mais d’une puissance étonnante. Un être de grande force se trouvait dans son dos. Tranquillement, il se retourna.
Une silhouette élancée aux cheveux d’argent le suivait, ou plutôt, suivait le même chemin que lui. Sans aucune raison, Rubicante resta planté là, à attendre que l’homme s’approche. Il le toisa du regard.
Il l’avait vu trente secondes plus tôt - à peine - et cet homme l’intéressait déjà.

- C’est une belle journée. N’est-ce pas ?

Lui adressa-t-il, simplement pour jauger sa réaction.

Pendant son trajet pour cette fac militaire répondant au nom de Balamb Garden, Sephiroth repensa à tout ce qui était entrain de se préparer. Pourquoi revenir dans un tout nouveau monde ? Il n’en savait rien mais, il savait très bien que cette nouvelle chance n’était pas à prendre à la légère. Qu’importe pour l’heure il n’avait pas de plan en tête il devait tout d’abord connaître les recoins de cette planète pour profiter de la puissance qu’il pourra y récupérer. Vaches, prairies, forets, et quelques monstres occis entre temps Sephiroth repensa à son patin Cloud… S’imaginant sa tête lorsqu’il reverra son eternel ennemi, l’Ex-Soldier ne put s’empêcher de rire pendant quelques instants. Après tout même si le mercenaire l’avait déjà battu par le passé il n’arrivait pas à se débarrasser définitivement de Sephiroth. Enfin un individu assez étrange sortit l’ange à l’aile d’ébène de ses souvenirs. Le visage affligé quelque peu agacer de cette « coupure » Sephiroth rétorqua à la question de l’inconnu :


«Une belle journée ? Décidément cette terre m’apporte son lot de surprises… Pardonnez mes paroles mais, je n’ai pas de temps à perdre que me voulez vous… »


Dit-il quelque peu surpris de l’énergie que dégageait cet homme. Sephiroth n’était pas du genre méfiant mais, être dans un tout nouveau monde sans connaître ses ennemis était un peu grisant. Pour l’instant son objectif n’était pas de combattre mais, bien de connaître les réponses à ce phénomène amusant. Les yeux du One Winged Angel se firent plus pressants vers l’individu et il rajouta quelques mots :
«Je ne suis pas dupe au point de feinter votre puissance… Depuis mon arrivée je n’ai croisé que des déchets. Le destin semble être malicieux en ce moment. Voyez vous je n’ai pas de temps à perdre alors annoncez vos intentions que j’en finisse au plus vite avec vous… »
Conclu t-il sèchement. Sephiroth n’avait pas besoin d’agir humblement face à cette personne il le sentait. Mais cette personne qui est-elle ? Un ennemi ? Il allait sans nul doute avoir ses réponses pour l’heure il resta passif face à l’homme cachait quelque peu dans une cape… Il était prêt à toutes éventualités l’heure n’était pas au duel mais, si il devait agir pour conclure l’histoire plus rapidement et ne plus avoir de gêneurs dans les pattes il le fera sans rechigner.

[Tu m'excuseras mais, je ne savais pas trop quoi te dire XD]

Rubicante engagea la conversation et remarqua que son interlocuteur semblait pressé. L’empressement, voilà un mot qui ne figurait pas dans le vocabulaire du Maître du Feu. Au cours de ses morts et de ses vies, il s’était habitué à ne plus distinguer le temps qui passait. Il pouvait passer des semaines, des mois ou des années sans que cela ne le touche. Cette particularité avait forgé son caractère calme et réfléchi.
Ainsi, il ne réagit pas quand l’homme afficha son désintérêt. Il n’eut guère plus de réaction lorsque son interlocuteur lança des paroles aiguisées comme une épée.
Rubicante le toisa à nouveau. Essayant de lire en lui, de déceler une partie de sa personnalité dans ses mouvements. Il ne vit rien ou presque. Juste que ses pas lestes et assurés, son économie de mouvements et sa prestance faisaient de lui un guerrier. Et, comme tout guerrier, c’était un homme propice à la violence. Mais, lui, savait garder le contrôle de lui-même.
Toutefois, Rubicante n’était pas le seul à avoir perçu les capacités de son interlocuteur. D’après ses franches paroles, l’homme aux cheveux d’argent avait décelé en lui sa puissance. Il ne la cachait pas, mais ne l’exposait pas non plus à quiconque. Une remarque qui dénotait une certaine expérience dans l’art du combat, dans l’instinct à reconnaître quelqu’un de potentiellement nocif. Rubicante acquiesça intérieurement, en silence, l’homme avait raison, le Maître du Feu n’avait lui aussi rencontré que des déchets pour le moment.
L’humanoïde au manteau rouge plongea son regard dans les yeux bleu de celui qui fut le plus puissant guerrier de son monde.

- En finir avec moi ? Navré, mais même lorsque je viendrais à mourir, vous n’en auriez pas pour autant fini avec moi.

Répondit-il en pensant à son corps cadavérique. Même s’il venait à perdre la vie, il lui suffirait de jouir du repos des morts jusqu’à ce que ce moment de félicité lui soit retiré et, à nouveau, il ressusciterait. Ses maîtres nécromants s’étaient succédés au fil des siècles. Neuclon, Bromur, Rouge, Marco, Golbez et, aujourd’hui, Chaos. A plusieurs reprises, il s’était posé une question, la question : Pourquoi lui ? Les hommes plus puissants que lui et séjournant désormais dans l’outre monde sont légion. Mais, bien qu’ils avaient tous une autre raison de le faire revenir à la vie – l’un parce qu’il croyait que c’était un docile serviteur, l’autre parce qu’il appréciait son caractère - , tous avaient une raison en commun : Son intelligence.
Un moment, il pensa à ses « frères », Scarmiglione, Cagnazzo et Barbaricia et se demanda si Chaos avait dans l’intention de les tirer de leur sommeil éternel, eux aussi.
Puis, il reprit la conversation.

- Je n’ai pas d’intention belliqueuse à votre égard. Du moins, pas pour le moment.

Il venait d’établir clairement les faits. Ni amis, ni ennemis, ils ne se connaissaient guère et pouvaient donc devenir l’un des deux à un moment ou à un autre. Sa franchise pouvait en déconcerté plus d’un, mais il savait que cela ne servait à rien de lui mentir. Qui plus est, les mensonges et semi vérités inutiles ne pouvaient pas être rattachées à son comportement.

- Pour tout vous dire - et peut-être ne me croirez-vous pas - , je ne suis pas de ce monde. Je n’y avais jamais mis les pieds auparavant. Je suis là dans un but simple et précis, me renseigner. Ou espionner, si vous préférez ce terme. Il laissa un temps de suspension pour que chacune de ses syllabes prononcées de sa voix grave et puissante se glissent dans les oreilles de l’inconnu. Puis, il reprit par une question. Vous allez aussi à cette fameuse Balamb Garden University ?