Levé de rideau

Ah, elle était bien belle cette ville de Treno. Aussi étrange que cela puisse y paraître, les riches aimaient bien ce blaide dans la montagne. C'est vrai qu'entre les maisons de propriétaires, les casinos et j'en passe, il y avait de quoi attirer du monde... et quand il s'agit de personne aisées, évidement, les pilleurs suivaient pour piquer de l'argent dès que possible. Il n'était pas magnifique ce continent sur lequel nous vivons, sérieux?

Dans une rue principale moyennement fréquentée, une silhouette s'avançait, laissant au passage entendre à ceux qui étaient près d'elle qu'au moins 200 grammes de métal l'ornaient. Comment? Eh bien il suffisait d'entendre le bruit que notre blondinet à queue de cheval faisait en marchant avec sa ceinture sur laquelle étaient greffés pas mal de métal, sans parler des quelques bijoux qui faisaient gling gling quand on fait un pas. Il fallait aimer se faire remarquer lorsqu'on se décide à s'habiller à la manière de notre ami Djidane, chose qui ne semblait pas déranger le concerné, d'ailleurs. En parlant de se faire remarquer, ce soir, la troupe de théâtre du jeune homme avait donné une représentation a Treno avec pour intitulé de la pièce " Ce soir, c'est moi qui invite ". Il fallait remercier Bach pour avoir trouvé un titre aussi miteux tout comme l'histoire principale du spectacle qui était tout aussi louche mais qui visiblement avait fait ses preuves dans d'autres villes.
Bon, maintenant, soit les gens avaient un sens de l'humour très douteux, soit c'est notre blondinet et Frank qui avaient un problème. M'enfin, pour ne pas vexer leur patron, les deux jeunes avaient gardé le silence sur ce qu'ils pensaient de la pièce, ça valait mieux pour eux, dans un certain sens.

Après avoir erré un petit moment, le garçon finit par s'asseoir sur un muret, le regard dans le vide. Depuis quelques jours, il se sentait franchement bizarre. Il y avait un truc, une sensation qui le prenait aux tripes de temps en temps, comme si une personne essayait de lui dire quelque chose par un message subliminal. Ça devenait lourd à la fin, il fallait trouver d'où cette impression d'être appelé venait et mettre tout ça au clair. Notre petit voleur n'aimait pas se retrouver dans des situations où il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Il fallait toujours qu'il trouve une réponse aux questions qu'il se posait, et le plus vite possible. Impatient comme pas deux, le blond.

Plongé dans ses pensées, Djidane ne remarqua presque pas qu'un enfant le fixait depuis quelques minutes avec une certaine insistance. Levant un sourcil et la tête, au passage, le jeune homme posa ses yeux clairs sur le mioche d'un air interrogateur. Ses problèmes de consciences avaient disparut en deux ou trois secondes, sur le coup.

Djidane: ?

Le gosse se contenta d'afficher un énorme sourire super louche avant de sauter sur le voleur pour l'attaquer à coup de... câlins.
Mais il était cingléééé ce gamin! Déjà que notre héros ne le connaissait pas et qu'en plus il avait faillit se ramasser en arrière à cause de l'impact, ça commençait à bien faire. Pourtant, à peine le blondinet eut-il le temps de se dégager que l'enfant avait déguerpi. Et là, un très mauvais pressentiment prit possession de l'aventurier qui bondit sur ses jambes en lançant une exclamation dégoûtée. Il avait comprit trop tard ce qui lui était arrivé, c'est-à-dire que le ptit gars qui venait de partir n'était autre qu'un voleur qui arpentait la ville pour gagner sa croûte. Mais quelle honte! Se faire avoir alors qu'on est un professionnel en la matière, et si bêtement en plus!

Furieux contre lui-même, Djidane donna un coup de pied dans le vide, sa queue fouettant nerveusement l'air comme un chat en rogne. Il était vexé... Et pour la peine, aussi mature monsieur fut-il, il faudrait qu'il aille voler quelqu'un d'autre. Un mec bien riche et protégé par un garde si possible, histoire de retrouver sa dignité. Ah mais oui, c'est un vrai entêté, le petit. Et il ne réfléchit pas toujours très logiquement non plus, comme n'importe qui en fait.

Bref... un quart d'heure plus tard donc, nous retrouvions notre gaillard avec une bourse en plus qu'il avait coincée dans le fourreau de sa dague faire justement assez petite pour laisser un espace libre afin d'y caser quelque chose. Et hop, 200 gils de perdus, 1400 de retrouvés. ♫

Tout en retournant à l'aéronef des Tantalas, le jeune homme eut à nouveau l'impression d'être oppressé par une présence qui le fit s'arrêter subitement et regarder autour de lui avec attention. Rien. Il n'y avait rien du tout pourtant...
Mince, quoi! En plus, cette présence en question semblait bien connue. Est-ce que Djidane était le seul à se sentir mal en ce moment, pour cette raison? Bah, en tout cas, pas de doute, sa conscience ne le trompait que très rarement. Il faudrait peut-être qu'il demande à Mikoto si elle aussi ressentait quelque chose du même genre. Elle était un génome... alors peut-être que... Non, n'y pensons plus jusqu'à demain.

Malheureusement, la nuit fut longue car le blondinet ne ferma pas l'oeil de la nuit, puis-ce que lorsqu'il essayait, la vision de l'Ifa lui revenait en mémoire. Et penser à l'Ifa, c'était se dire que si les choses avaient été autrement, "Il" serait peut-être encore là et se serait intégré... c'était utopique cependant. Jamais une personne dégoûtée de la vie comme "ce gars" n'aurait put changer si on lui laissait l'occasion de recommencer les horreurs qu'il faisait.
Dès que l'aube se fut levée, le jeune homme s'éclipsa de son groupe sans demander l'avis de qui que ce soit avant de se mettre en chemin, tout seul. Il fallait qu'il se remette au clair avec lui même en interrogeant les amis qu'il trouverait en route. Une route vers où...? Lui-même n'en était pas certain.