.: Bad To The Bone :.

Je ne suis qu’un squelette assis contre les flancs mouillés d’un chocobo endormis. Dans mes orbites plus d’yeux, juste une absence de folie ou de désir profond de pouvoir. Dans ma bouche nulle langue capable de bouger pour faire vibrer les foules de grands discours moralisateur. Je ne suis qu’un simple squelette dont l’ossature n’exsude que des codes vide de sens et tournés à ma façon afin de guider ma vie et mes actes. Ce simple constat me brise le cœur, enfin, aurait pu me le briser. Mais je n’en ai point, après tout, je ne suis qu’un simple squelette avec une coupe de cheveux bizarre retenue par un rouge bandeau …

‘Tain j’ai encore picolé plus que de raison cette nuit. Sur les marches du Stade de Luca, au cœur de cette ville où je me suis rendu pour recommencer mon propre « pèlerinage » pour les raisons qui ne sont connues que de moi seul. Je déglutis avec la plus grande des difficultés l’immonde gout de salive rance qui remontait le long de ma gorge et me poussait à lever les yeux vers ce ciel chargé de nuages, une fois encore en cette aube morne. On m’y reprendrait à boire plus que de raison … Mais j’aime tellement çà !! Si j’affichais en temps normal un air aussi désintéressé que blazé par le monde alentours, je m’efforçais dans mon reste état d’ébriété à concentrer le peu d’éveil restant sur les ultimes gouttes de Rhum restant dans ma bouteille.

Autour de moi, le monde commençait à tourner de nouveau sur son axe. Les gens se levaient un à un et s’affairaient à leurs tâches respectives. Jour de marché … J’avais bien choisi mon moment. C’était parfait. Il était temps pour moi de mettre en place mon « Show » pour gratter quelques Gils à ces pouilleux et aller m’acheter de quoi bouffer et boire. Surtout Boire !! Après j’irais au temple … Régler certaines choses !

Déployant lentement ma lourde carcasse abimée par le poids des années de combat et de luttes, je fis craquer ma nuque d’un violent mouvement de tête avant de pratiquer quelques moulinets de mes bras puissants pour échauffer mes épaules engourdies. Ma gymnastique matinale n’avait pas échappée à mon fidèle compagnon à plume, récupéré après une bagarre de comptoir que la décence m’interdit d’étaler ici. Ce putain de Piaf était drôlement intelligent et aimait à pratiquer mon Show de Blitz à mes côtés. En plus d’être une réserve de bouffe de secours, c’était un bon compagnon ! Récupérant le ballon de blitz qui me servait habituellement et foutant mon épée, plus semblable à un hachoir géant, dans mon dos, j’entrepris de me racler la gorge bruyamment avant de rameuter de la peuplade en braillant comme un Mr Loyal de cirque !

" APPROCHEZ, APPROCHEZ !
Venez admirer le plus grand show avec ballon de ce bas monde ! Même un professionnel de la ligue de Blitzball est incapable de telles performances terrestres !!
Alors à votre bon cœur messieurs dames, admirez l’artiste !! "

Pour donner plus de poids à ce discours d’alcoolique, je lançais nonchalamment ma balle dans les airs avant de frapper avec fracas mes poings l’un contre l’autre, effectuant une parodie de salut pour mon public et laissant ainsi le ballon retomber et se figer sur ma nuque. Un redressement rapide fit décrire à la sphère une trajectoire parfaite et cette dernière se stoppa entre les serres de mon compagnon à plume ayant adopté une position de flamant rose. Mon épée toujours dans mon dos, je sifflais en direction de mon compagnon à plume pour que celui-ci me renvoi le ballon. Let’s get ready to rumble !

D’un simple mouvement de paume, je déviais la course folle du ballon vers le sol. Après un simple rebond je commençais à enchainer les jongles et gestes techniques avant d’expédier une frappe abracadabrantesque vers le premier palmier venu. Mon bras de déploie et mes doigts se referment sur le pommeau de mon immense lame que je projette dans les airs, à la verticale, avant de décrive un nouveau coup de pied circulaire pour renvoyer la balle vers son précédent point d’impact. J’enchaine cette fantaisie plusieurs fois, jusqu’à ce que mon épée commence à amorcer sa descente. Et alors que je me détends et saute dans les airs après une ultime frappe dans la balle, mon outil de mort passe devant moi. Je referme donc mes mains sur son manche et termine ma course descendante en sa compagnie. Et dans un concert réglé comme du papier à musique, la pointe de ma lame fend la terre et se fige alors que je contracte mes muscles abdominaux pour délivrer une frappe surpuissante de mes pieds joints en direction de marches menant au stade. Je dépliais mes bras avec tant de force que cela me propulse dans les airs, tête vers le sol. La balle se déforme alors qu’elle rebondit sur l’angle d’une marche, comme je l’avais souhaité, et s’élève maintenant en ma direction. Je bande les muscles de ma jambe et délivre une frappe finale monstrueusement forte qui fait terminer le ballon dans le sol, enfoncé sous la puissance délivré. Je retombe comme une fleur, les bras croisés et un pied posé sur le pommeau de mon épée enfoncée dans le sol. Mon sourire se fait charmeur sous les acclamations de la foule.

" Merci, merci ! Pensez à l’artiste !! Karoo va passer parmi vous avec une corbeille … "

Je vis comme je l’entend, et j’adore çà !

25 … 50 … 100 … 200 … 300 … Quoi c’est tout ? Apr2s la performance exceptionnelle que je viens de livrer ces gueux impuissant ne trouvent rien mieux que de m’offrir 300 Pauvres Gils ?? Mais ils se foutent de la gueule du monde nom de Dieu ! Frustré et furieux, j’enfourne une poignée de Gils dans une des poches de mon large pantalon avant de masser mes épaules pour éviter les crampes et autres courbatures. Beh oui je suis plus tout jeune, mais comme le bon vin je me bonifie avec l’âge. Et les figure que je venais d’enchainer, çà c’était du grand art ! Du sublime même !! Alors récolter de quoi m’offrir trois pauvres bouteilles de Rhum n’était vraiment pas suffisant. Enfin bon, on va pas cracher sur le pognon, surtout quand on a soif. Je referme mes mains zébrées de cicatrices sur la poignée de mon immense épée. Merde, je l’ai enfoncée drôlement cette fois ci. Voilà que je vais devoir jouer au Roi Arthur maintenant … Finissant par labourer la place en retirant ma lame, j’entame un petit air à boire en sifflotant. Harnachant mon imposante arme à la selle de mon fidèle Karoo, je dépose la corbeille de collecte emplie de Gils au bec de mon fidèle compagnon récupéré après une partie de carte qui avait vu mes poings l‘emporter sur la gueule de mon adversaire. La soif m’assaille et je ne peux m’empêcher de chanter pour masquer les cris de mes boyaux se tordant sous ma paroi abdominale. Avec la finesse et la discrétion qui me caractérise :

" Dans mon Pays d’Zanarkand … OLE !!!
Dans mon Pays d’Zanarkand … OLE !!!
Y a la mer comme ça, Y A LA MER COMME CA !!
Y a un soleil comme ça, Y A UN SOLEIL COMME CA !!!
Y a des guitares comme ça, Y A DES GUITARES COMME CA !!! "

" Hi, my old man … "

Quoi ? C’est quoi cette voix de pleureuse ? Personne c’est adressé à moi comme çà et sur ce ton depuis … NOM DE YEVON ! Surpris et un brin interdit, je me tournais lentement vers la source de cette voix fluette, les bras un peu tremblant alors que Karoo tirait une gueule d’ahuri complet. J’aurais eu la corbeille de Gils entre les mains, je l’aurais surement fait tomber de surprise. Après tout, c’est pas tous les jours qu’on retrouve son enfant, son fils unique de surcroit, dans un monde où l’on n’est pas censé exister tous les deux. La joie anima un instant mon visage à la vue de cette tête de paille chialeuse et frêle. Bon d’accord, il manquant de bras et de coffre mais c’était quand même mon fils … Un fils qui m’avait tué autrefois d’ailleurs, mais bon passons. Passons comme passa ma joie, bien vite dissimulée sous un masque de rudesse. Bourru, comme à mon habitude, je me contentais de croiser mes bras puissant sur mon torse tatoué et lâcher de neutres et banales paroles.

" Regardez qui voilà … T’as l’air en forme avorton ! "

D’aucun aurait bien pu croire que je me foutais royalement de la tronche de bellâtre de mon fils, mais lui il pourrait peut être y trouver des paroles réconfortante. Je suis heureux de le retrouver, mais je vais pas le crier sur les toits, c’est pas mon style et c’est pas moi çà. Je suis neutre et bourrin moi, cherchez pas plus loin … Des traits de caractère que je retrouve pas vraiment chez mon gamin, il aurait plus hérité de la polarité féminine de sa mère le petit … Toujours ce même regard là … Merde, me dites pas qu’il va chialer encore ! Oh non … C’est bon, on c’est retrouvé on va pas se sauter dans les bras et s’embrasser comme des Guados non plus !! J’ai ma dignité moi !!! Vite, un verre pour faire passer çà … Décidément il a pas changé … Dans l’indifférence affichée, je me tourne vers Karoo, qui a toujours l’air aussi stupide par ailleurs, et sort de mon sac de voyage une bouteille de Rhum à moitié vide, ou pleine en l’occurrence. Je me rince copieusement le gosier avant de frotter ma barde parsemée de coulure de ce doux breuvage. C’est plus fort que moi, je suis obligé de lui dire çà sur un ton agressif :

" Oh ! C’est quoi le problème ? Tu vas pleurer ?
Pleurer … Pleurer … Pleurer …
C’est bien la seule chose pour laquelle tu es bon …
Rend moi service, va m’en chercher d’autre !
Tu dois bien çà à ton vieux père, pleurnichard ! "

Je vide le fond de ma bouteille d’une traite, alcoolique jusqu’au bout … Et dans un souffle de dépit je lance ma bouteille vide à mon fils, tel un Quaterback aviné. Dans l’indifférence totale, je me gratte les fesses et examine la jeune fille aux yeux vairons qui se trouve à côté de mon mioche. Elle me dit quelque chose la donzelle. Merde, où est ce que j’ai bien pu la croiser … Et ce foutu soleil qui m’aide pas à réfléchir ! Ça tape trop ici bordel !! Bref, je claque des doigts pour aider ma pensée et m’adresse à la jeune fille sur un ton bourru et décalé.

" Tu me dis quelque chose toi …
Je t’ai déjà croisé … Ou alors tu ressemble à quelqu’un que je connais …
Marrant, t’as les mêmes yeux que BrascAAAAAAAAAAAAAAAH !
KAROO !!!
N’AVALE PAS CA IMBECILE ! "

Il est grand ce piaf, mais qu’est ce qu’il est con ! Le voila qui ingurgite la quête en hoquetant ! Ni une ni deux je l’étrangle de mes mains pour empêcher la chute de la corbeille dans son estomac bien trop glouton. Je l’insulte, il piaille … J’hurles, il cocoricote ! Ouvrant son bec avec force, j’enfourne mon bras dans sa gorge pour essayer de récupérer le précieux butin … A-t-on idée de faire animal plus stupide ? Il n’est vraiment pas de bonne compagnie, mais il est futé et il renifle bien les pistes ! Quoi qu’il en soit, je me vois pas fouiller dans la crotte de chocobo alors il a intérêt à rendre ces foutues pièces. Sinon c’est chocobo rôti pour tout le monde !!!

Ah … A en juger par mon torse parsemé de salive et Gils, Je crois qu’il a compris …